1.1 Santé mentale, maladie mentale et l’usage de drogues chez les jeunes

En responsabilisant les Jeunes champions, l’initiative JCSMD de l’Association des infirmières et infirmiers autorisés de l’Ontario (AIIO) stimule l’éducation et la sensibilisation des adolescents à la question de la santé mentale, de la maladie mentale et la consommation de drogues. Cette approche, dite de « pairs à pairs », a un effet si fort qu’elle entraîne un revirement des attitudes, c’est-à-dire qu’au lieu de s’axer sur la maladie mentale, on se concentre davantage sur la promotion de la santé mentale.

En participant à l’initiative, vous jouerez un rôle dans l’instauration d’un milieu scolaire et communautaire solidaire et résilient pour les jeunes susceptibles de développer une maladie mentale ou une dépendance.

Jeunes à risque

Il est facile de diminuer les troubles émotionnels des jeunes, mais le passage à la vie adulte apporte un lot de pressions uniques et complexes. Parallèlement, les problèmes de santé mentale dont on peut souffrir à l’âge adulte, comme la dépression et l’anxiété, touchent aussi les jeunes. En fait, au Canada, la maladie mentale et l’usage des substances  sont de graves problèmes de santé chez les jeunes. Les adolescents et les jeunes de 15 à 24 ans sont plus susceptibles que n’importe quel autre groupe d’âge de souffrir de maladies mentales ou de troubles liés à la consommation de substances (Pearson, Janz, 2013).

Si l’on considère que les troubles mentaux sont récurrents et  potentiellement chroniques, l’aperçu suivant des statistiques de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM)  est particulièrement alarmant. En d’autres termes, un grand nombre de ces enfants et jeunes sont susceptibles de connaître des difficultés pendant toute leur existence.

  • De 10 à 20 pourcent des jeunes Canadiens souffrent d’une maladie mentale ou d’un trouble mental;
  • La dépression affecte  17 pourcent des jeunes âgés de 12 à 19 ans (soit 3,2 millions de jeunes au Canada!)
  • Concernant le taux de suicide chez les jeunes, le Canada se place au troisième rang dans les pays industrialisés. De plus, le suicide est l’une des principales causes de décès chez les jeunes Canadiens âgés de 15 à 24 ans.

Source : Association canadienne pour la santé mentale (ACSM)

Il existe également un lien bien établi entre la maladie mentale et l’usage de drogues. Les jeunes de 15 à 24 ans sont trois fois plus susceptibles d’avoir un problème de consommation que les personnes âgées de plus de 24 ans (Pearson, Janz, 2013). En outre, les personnes chez lesquelles on diagnostique un trouble lié à l’usage de drogues courent un risque considérablement accru de souffrir de troubles mentaux, dont la dépression ou autres troubles de l’humeur. De même, les enfants aux prises avec des problèmes de santé mentale commencent souvent à consommer des substances à un âge précoce et sont plus susceptibles que les autres enfants de développer des problèmes d’usage de drogues  (Armstrong et al, 2002).

Des interventions précoces sont primordiales

Selon la Commission de la santé mentale du Canada (CSMD), il est essentiel d’établir une fondation pour un développement affectif et social sain et de favoriser la prévention et les interventions précoces pour assurer le bien-être mental de tous les Canadiens. Quant aux principales organisations du secteur de la santé, elles soutiennent qu’en intervenant tôt auprès des jeunes aux prises avec un problème de santé mentale, on améliore non seulement leur qualité de vie, mais on réalise aussi des économies importantes (CSMD, 2013). Cela est logique quand on sait que chez 70 pourcent des adultes ayant des problèmes mentaux, les symptômes ont commencé à se manifester durant l’enfance ou à l’adolescence (CSMD).

Or, alors même qu’au Canada la maladie mentale a des conséquences grandissantes sur la vie des enfants et des adolescents, seul un enfant sur quatre ayant besoin de services de santé mentale en reçoit (Waddell, C. et al, 2005). La stigmatisation entourant la maladie mentale constitue l’un des plus grands obstacles à la promotion de la santé mentale et à la résolution des problèmes de santé mentale des enfants et des adolescents (CAMH, 2013). D’après l’étude intitulée Youth Services System Review (YSSR, 2013), concernant la consommation de substances, des  progrès ont été réalisés en matière d’éducation et de sensibilisation, qui jouent un rôle clé dans la réduction de la stigmatisation, mais il faut poursuivre les efforts.

Qu’est-ce que la stigmatisation? "un processus social, vécu ou anticipé, caractérisé par l’exclusion, le rejet, le blâme ou la dépréciation découlant de l’expérience ou de l’attente raisonnable d’un jugement social négatif à l’égard d’une personne ou d’un groupe" (Martin et Johnston, 2007)

Un bagage de connaissances pour faire tomber les barrières

Au fil des sections du présent document sur l’initiative JCSMD, vous vous rendrez compte qu’un volet important du programme de formation complet (Sections 4, 5 et 6) vise à améliorer les connaissances sur la santé mentale des adultes et jeunes impliqués. Pourquoi? Les participants au projet, munis de connaissances sur la santé et la maladie mentale, seront davantage portés à apporter leur soutien dans divers domaines : reconnaissance, appui, prévention, intervention précoce et, finalement, résilience.

Plus précisément, la capacité d’une personne d’aider ceux qui présentent de possibles symptômes de problèmes mentaux dépend de ses connaissances sur la santé mentale. Ces compétences permettront à la personne d’améliorer sa capacité de détecter de façon précoce des signes et des manifestations de problèmes mentaux, de chercher de l’aide ou soutenir d’autres à chercher de l’aide et de pratiquer de façon régulière des activités de soins personnels.

Les connaissances en matière de santé mentale nécessitent plusieurs composantes, y compris :

  • la capacité de reconnaître une bonne santé mentale et la maladie mentale ;
  • les connaissances et croyances à propos des facteurs de risque et des causes ;
  • les connaissances et croyances à propos des interventions autonomes ;
  • les connaissances et croyances à propos de l’aide professionnelle disponible ;
  • les attitudes facilitant la reconnaissance des symptômes et la recherche d’une aide appropriée ;
  • les connaissances pour savoir trouver des informations sur la santé mentale.

La résilience est la capacité de surmonter les difficultés et de se composer devant le changement pour fonctionner à nouveau comme avant et poursuivre son cheminement. Les personnes résilientes sont en mesure de s’adapter au stress et aux situations difficiles de la vie (Barankin et Khanlou, 2007).

Pour en savoir plus, consulter la Santé mentale et Initiative Dépendance de l'AIIO (en anglais seulement).

Pour obtenir une liste des initiatives nationales et des initiatives interministérielles provinciales à l’appui de la santé mentale des jeunes de l’Ontario, consulter l’Annexe A.